Embrun man, plus qu’une aventure !

ParDamien FRUCHON

Embrun man, plus qu’une aventure !

Voici enfin le CR sur l’ironman d’Embrun du 15/08/2018. Cela fait maintenant 3 semaines, mais j’avais besoin de couper pour mieux vous résumer cette journée FORMIDABLE INOUBLIABLE EPUISANTE SPLENDIDE ET TERRIFIANTE.

La Veille : Tout va bien sauf lorsque tu passes devant cette banderole, qui vite te fait dire : Mais qu’est-ce que je fou là….

Dépose du vélo, prise de contact sur l’entrée et sortie du parc Nickel. Je vous passe les détails de la préparation et mise en place du matériel.

Le lendemain :

5H25 du mat nuit noire. J’arrive au Parc à vélo avec Alex, je retrouve Yohan, Franck et Valérie. On paraît assez détendu.
Même à cette heure matinale, les cris d’encouragements des supporters résonnent. Soudain on scande nos prénoms : « djam, Franck ».

Je jette un œil et aperçois déjà nos fidèles supporters vêtus tout en bleu (perruques, vêtements pour mieux les repérer). Incroyable, ils sont déjà présents même si tôt pour donner de la voix et nous transmettre leur courage. On va leur faire un coucou en se montrant lucide et confiant.

5H55 : On entend la sirène, les filles se lancent, le public hurle, tout de suite je pense à Valérie Goooooo.

Nous commençons donc à nous rapprocher, voulant prendre la température de l’eau, tester une dernière fois nos lunettes. Il n’en sera rien, les 2000 athlètes commencent très vite à s’entasser direction la ligne de départ.

Il reste 5 minutes avant notre sirène.
Moment de nervosité… bien que l’on soit 2000 autour de moi, c’est comme si j’étais seul avec mes peurs, mes pensées.
L’ambiance est de plus en plus tendue.

Je me place en 2ème ligne et cherche à entrevoir les bouées, impossible on ne voit rien.
J’ai envie de commencer, de me lancer à l’eau et de me mettre à nager avec le doute de ne rien voir et surtout l’incertitude que mes lunettes ne prennent l’eau ou soient mal mises.

6H00 : Que la Journée commence….
On court dans l’eau et vite on essaie de se placer, cela tabasse qu’importe j’arrive très vite à trouver mon rythme.

Normalement je lève la tête tous les 8 temps, là cela sera tous les 4. On ne voit rien mise à part un point lumineux. On arrive à la 1ère bouée, je constate qu’il y a un monde fou sur la berge.

Allez go 1er tour check, je continue sans encombre ma nage, m’applique sans forcer car la journée va être longue. Le jour se lève, le soleil se montre enfin, plus de contrainte, parfait je file jusqu’à la flamme d’arrivée.

Je sors vite en courant, poussé par les cris d’encouragements du public, je regarde ma montre 1H04 coollll. J’entends « allez Djam » et aperçois mon Tistou. Yesss grand sourire.

C’est parti pour 188 km de selle.
Je prends mon temps pour m’habiller, et enfourche mon vélo. Dès la sortie du parc bimm 2km à 5%, mais il y a un tel public que l’on s’emballe et se sent pousser des ailes.

Je regarde mes watts « oula tu te calmes… ».
La 1ère boucle 900m de Dénivelé sur une dizaine de km.
Nous l’avions reconnu avec mon Francky la veille et heureusement. Je ressens déjà mes jambes gonflées, c’est l’heure d’un peu de souffrance jusqu’à ce que ma musculature diesel se mette vite au diapason.

Une fois en haut, nous avons une vue magnifique sur le lac d’où nous venons, je vois même encore des gens en train de nager « les pauvres ».
Les bosses du balcon de la Durance passées, je pense déjà à retrouver mes supporters qui m’attendent en bas.

J’enfile les km puis arrive au rond-point d’Embrun. C’est impressionnant sur plusieurs centaines de mètres, il y a un monde fou qui attend chacun les siens, on se croirait sur une étape du tour de France. On passe sur 1 mètre entouré de spectateurs.

Puis « ALLEZ DJAMMMM » Yes les voilà Gigi, Jojo, Marion et Valérie. Je passe avec une banane comme jamais. A ce moment-là il reste environ 140km.

Direction Col de l’Izoard, quelques km s’enchainent puis de nouveau supporters mes loulous et Sabine qui hurlent comme des dingues j’adore heureux et remonté à bloc, go go go.
Les kilomètres défilent, le paysage est magnifique.

Ces kilomètres qui nous amèneront jusqu’au col ne semblaient pas être très très dur, et bien c’est faux, une série de longs faux plats qui cassent bien les pattes.
Enfin GUILLESTRE, les choses sérieuses commencent puis épingle direction ARVIEUX.
Ça monte, tous les km une pancarte indique le reste de km jusqu’au col avec le dénivelé moyen sur le prochain kilomètre.

Au début je trouve cela cool, au moins on connaît ce qui va suivre, puis au fil des km, lorsque les cuisses commencent à brûler, que le cardio s’emballe et que tu jongles entre position assise et danseuse, croyez-moi les pancartes tu les maudits « restent encore 10km et 9,2% sur prochain km ».

Pouahh j’en ai marre, je veux être au sommet. A ce moment je me dis « monte encore un pignon ». Je regarde « ah ba non je suis déjà tout à gauche ».
Arrivé à ARVIEUX, un long… très long faux plat avant l’ascension, je suis cuit mais serein.


7km avant le sommet que je finirais en danseuse, impossible de me rassoit. Le doute s’installe, même mes triceps sont mis à contribution à force d’appuyer, quand soudain tête baissée, tu vois d’inscrit sur la route entre les BARGUIL, BARDET et autres …« ALLEZ DJAM FRANCKY »

Mais c’est moi ça ???? J’ai eu du mal à y croire mais parmi nos supporters TISTOU et MAG sont venus inscrire nos noms sur toute l’ascension. C’est ÉNORMMMMEEE.

Le coup de boost que cela peut engendrer. Tu te dis je n’ai pas le droit de flancher, bon l’effet ne dure pas longtemps, mais fait du bien.
Je continue mon ascension. Photographe ?? Vite Sourire, mais un chouia crispé…

Je croise Jojo et Sylvie qui me doublent en moto, m’encouragent, et me disent « à tout de suite ». Yesss cela sent la fin.
On aperçoit des gens partout sur les rochers, 1km du sommet atteint, je récupère mon ravito perso. Il y a un sandwich, mais il me sera impossible de l’avaler, on verra plus tard.

Je prends mon temps discute avec Jojo et Sylvie, j’enfile mon kway et c’est reparti reste 90km. Descente de l’Izoard Bamm 77km/H trop cool j’adoreee.
Les km s’enchaînent de nouveau, mais je sais qu’il reste encore 2 patates « PALLON » 3km à 15% de moyenne et « CHALVET » avec un dénivelé faible (par rapport aux autres) mais avec 170km dans les jambes, elle te finit.

J’approche du PALLON, je le sens, il commence à y avoir de plus en plus de monde, spectateurs. Les cris indiquent le début de cette côte, de nouveau on se serait cru au Tour de France.Je monte comme l’Izoard, en danseuse, impossible de m’asseoir. Les cuisses brulent, même si tout le monde t’encourage te crie courage c’est dur.
« Courage en haut du Rocher c’est terminé… » le Rocher ???? mais il est loin….
Je monte la côte oufff j’entends ALLEZ LES LIONS, c’est Christian. Je ne l’ai pas vu, mais je savais qu’il devait être au PALLON.

Je monte comme l’Izoard, en danseuse, impossible de m’asseoir. Les cuisses brulent, même si tout le monde t’encourage te crie courage c’est dur.
« Courage en haut du Rocher c’est terminé… » le Rocher ???? mais il est loin….
Je monte la côte oufff j’entends ALLEZ LES LIONS, c’est Christian. Je ne l’ai pas vu, mais je savais qu’il devait être au PALLON.

Position aéro descente direction bah … « CHALVET » sur le parcours je croise tous mes supporters qui s’étaient organisés pour ne pas être tous au même endroit.
De grands sourires, des tapes dans les mains « ATTITUDE » quoi.

Puis CHALVET, là physiquement tu es dans le vrai, mais je me dis « 10 bornes et tu poses le vélo ». Je monte croise la famille à Yo qui encourage aussi comme des fous. TOP
Les virages s’accumulent pour enfin finir sur EMBRUN, ça descend ATTENTION DESCENTE DANGEREUSE et pour preuve je croise des cyclistes allongés au sol « aïe pas cool » malgré la fatigue j’essaie d’être le plus lucide possible et ne prends aucun risque et redouble de vigilance.
Retour au Parc 8H04 de selle. PARFAIT.

Je dépose le vélo, me change et rencontre des kinés sur le parc qui me proposent un massage avant de me lancer sur les 42km125. Volontiers
Ils me demandent « mollets ou cuisses » euh les deux s’il vous plaît.
Après un long massage, je pars, le plus dur m’attends, je le sais. Je me sens prêt.
Mais dans le marathon, il y a toujours des incertitudes. Ce sont déjà 9h de course, même beaucoup entraîné, un moment donné il faut arriver à se mettre dans sa bulle, que l’esprit gagne la bataille sur le corps.
C’est un marathon de résistance, on monte vers le village d’Embrun depuis le lac puis on redescend de l’autre côté. Les 20 premiers km n’ont rien avoir avec les suivants ni les derniers.

Ça s’est mon expérience qui parle et tout triathlète le sait.
1er Tour 1H30, 14km ça va…. J’ai le sourire, heureux de voir tous les miens sur le parcours « famille ROUSSEL, Valérie, Gigi, Jojo, Tistou, Mag, Aurélie, Jade et mes amours. Je tape dans les mains avec toujours « l’ATTITUDE ».

Je croise mon Alex qui m’encourage ainsi que mon Francky sur le parcours.
Puis 2éme TOUR, maintenant je sais et connais les difficultés du parcours. La chaleur commence sérieusement à se faire sentir sur les organismes. Mes muscles se contractant de toutes leurs forces, j’ai l’air de plus en plus sérieux, les traits du visage serrés. Je commence à me sentir faiblir. La fatigue s’accumule. Les heures-minutes qui arrivent vont être une vraie souffrance, le combat commence.

On recroise de nouveau les supporters, c’est dur.
Arrive le moment où la tête va dans un sens et le corps dans l’autre, c’est ce que j’appelle le mode « ROBOT ».
Je voulais courir plus vite mais j’ai une sensation de lenteur. Mes sens s’affaiblissent petit à petit.

Je rentre dans une phase d’introspection.
Moi-même face encore à 18km. J’ai des mauvaises pensées, mais je l’ai chasse au moment où elles apparaissent en pensant au travail effectué pour en arriver là, aux paroles du coach « dur dans l’mou, mou dans l’dur » à tous ceux derrière moi « Les LIONS, les amis, la famille, qui à chaque passage t’encourage comme s’ils avaient quelques choses à y perdre.

Voir ta femme et ton fils courir à tes côtés et t’encourager n’a pas de prix.
L’envie de m’arrêter me trotte dans la tête, mais je ne suis pas né pour capituler.
Je passe le km 30 ; le mur classique, bien que différent sur Ironman.
La fatigue est si grande que lorsque l’on fait une impulsion pour courir mon corps tombe de plus en plus sous mon propre poids.
Et pour ne rien faciliter, je fais une grosse déshydratation, qui me fera subir d’atroces douleurs « envie de vomir, et d’uriner toutes les 30 secondes des lames de rasoir.

Mes jambes continuent toutes seules presque étrangères au reste.
Maintenant j’entends mais ne voit plus qui m’encourage.
Mention spéciale à TISTOU et Gigi qui m’ont accompagné sur le parcours. Sans eux, je ne sais pas ce qu’il se serait passé. Les avoir à mes côtés me réconforte.

La fin approche, plus de supporters, je sais qu’ils sont tous sur la ligne d’arrivée à m’attendre.
Je commence à me réjouir, et retrouve ma lucidité.
L’effet ligne d’arrivée est plus fort qu’un gel.
J’ai eu des moments très durs mais à mon arrivée sur la ligne bleu, la récompense est de taille.
Frissons, pleurs, bordel j’y suis.

Alex m’attend et m’indique où sont mes fidèles supporters. Avant le franchissement, il est évident que je vais directement vers eux hurler ma joie, les remercier, embrasser mon fils ma femme. Je décharge toute l’émotion que j’ai gardé.

Je franchi la flamme en 14H50. Maintenant c’est une réalité. Je l’ai fait, j’ai réussi.
C’est l’objectif de toute une année en une seule et extraordinaire journée.

Fier d’avoir ce maillot de finisher et ma breloque.

Souffrir est un plaisir, que certaines personnes ne comprennent pas. Ce n’est pas une souffrance personnelle ou autres, mais une souffrance que j’ai choisie.

Voilà le récit de mon Embrun man. Bravo à Yohan, Franck, Alex et Valérie. TOUS FINISHERS.
Merci à tous pour vos encouragements votre soutien.

Mention spéciale : Merci de nouveau aux supporters présents. « Baptiste et Magalie, Jojo Sylvie Marion. Décidés de prendre les vacances à Embrun pour venir nous encourager, y’a même pas de mots pour vous dire à quel point vous êtes TOP.

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